La réforme audiovisuelle fait aussi sa rentrée. Si l’on trouve dans cette classe les habituels élèves comme les chaînes de télévision, les services de SVoD sont placés directement au premier rang. Franck Riester, le ministre de la Culture, a dévoilé les grandes lignes de la réforme, mais a d’ores et déjà dessiné les contours pour ces plateformes. Netflix ou encore Amazon devront investir davantage dans la production audiovisuelle et cinématique française et européenne. Un devoir sur table auquel les chaînes de télévision françaises sont déjà rompues.
Ces dernières se plaignaient régulièrement de devoir subir de nombreuses contraintes, là où Netflix était largement exempté. Cette nouvelle réforme semble justement favoriser les chaînes de télévision, qui pourront obtenir une troisième coupure publicité dans les longs métrages. Ce qui ne risque pas d’enchanter les nombreux téléspectateurs cherchant à éviter ces diversions.
La menace fantôme
Avec ce projet de loi, les services de SVoD auront pour obligation de financer les œuvres françaises à hauteur de 16 % de leur chiffre d’affaires réalisé en France. Un décret qui obligerait Netflix et Amazon à revoir leurs copies, alors que Disney +, ou encore Apple devraient faire leur apparition dans le PAF d’ici quelques mois. En absence d’accord, le ministère de la Culture se veut déjà offensif en prévoyant une mesure drastique : « S’ils ne le font pas, ils ne pourront plus être disponibles en France », avait soufflé le ministre lors du déjeuner avec l’Association des journalistes médias.
Une telle menace serait-elle applicable ? Très difficile, répond le Parisien, qui rappelle ô combien les services de streaming ne sont pas transparents lorsqu’il s’agit de détailler leurs comptes, Amazon n’ayant par exemple jamais communiqué sur le nombre d’abonnés à Amazon Prime Video, que ce soit en France, ou même aux États-Unis. Autre problème : comment interdire l’accès à Netflix ou Amazon quand ces compagnies n’ont besoin d’aucune autorisation pour être sur internet.
Un assouplissement de la chronologie des médias
Pour autant, le ministère de la Culture se veut également conciliant. Le projet de loi permettrait aux services de VoD de bénéficier d’un allégement de la chronologie des médias. Pour rappel, la chronologie des médias est la règle définissant l’ordre ainsi que le délai d’exploitation d’une œuvre cinématographique sur d’autres supports (télévision, DVD, SVoD). Depuis la réforme de l’année dernière, le délai est actuellement de 36 mois entre la sortie d’un film et la possibilité d’entrer au catalogue de Netflix en France. Le groupe Canal+ a un délai beaucoup plus court, compte tenu de ses forts engagements dans la production française. Quid justement de la réaction de la chaîne cryptée, qui, déjà largement concurrencée dans le secteur du cinéma, se verra davantage affaiblie face aux géants de la SVoD si l’assouplissement se confirme ?
Malgré ces nombreuses contraintes, Franck Riester se veut optimiste : « Je suis persuadé qu’elles ont un intérêt à être des acteurs reconnus et respectés », a-t-il déclaré. De son côté, Netflix s’est laissé aller à un commentaire assez évasif indiquant « accueillir favorablement la volonté du gouvernement d’inventer un système équilibré en bonne intelligence avec tous les acteurs » et s’attend à « poursuivre le dialogue constructif avec les pouvoirs publics ». De son côté, Amazon s’est abstenu de tout commentaire. Le projet de loi sera complété dès l’automne, pour être voté en janvier 2020.
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