Les fictions françaises, restées longtemps moins populaires que les fictions américaines sur nos écrans, ont réussi l’exploit de susciter un engouement nouveau auprès du public français. Petit à petit, leur notoriété s’est accentuée.
Un changement d’audimat
Il y a des preuves qui ne trompent pas : les séries américaines, qui prenaient les 36 meilleures places sur 100 en 2015, n’occupaient plus que 2 places du top 100 en 2016. Ainsi, sur les 37 meilleures audiences en fiction, 35 étaient françaises.
La tendance pour les succès américains est bel et bien en train de céder la place : s’il y a quelque temps l’audimat mettait en avant le goût prononcé des téléspectateurs pour les séries made in USA, cela tend à s’inverser, et les productions nationales sont de plus en plus plébiscitées sur nos écrans. Si on compare les audiences enregistrées la même soirée lors des diffusions simultanées d’une série américaine et d’une série française, le résultat est sans appel. Pour preuve : en 2016, les trois séries en tête étaient françaises : Le Secret d’Élise, Sam et Section de recherches ont détrôné le quatuor américain Mentalist, Esprit criminel, Unforgettable et Dr House qui sévissait en 2013. Sur la « télé de rattrapage », c’est-à-dire le replay, les productions françaises représentent 40 % de l’offre de fiction contre 30 % pour les séries américaines.
Comment expliquer ce changement alors qu’il y a encore peu les productions américaines faisaient s’affoler les audiences ?
Créatifs libérés, scénarios dans l’air du temps
Paradoxalement, c’est l’industrie du cinéma américaine qui a commencé par exporter un nouveau concept : faire un cinéma à suite et à licence qui s’adresserait aux enfants et adolescents. Petit à petit, les personnages et les intrigues sont devenus plus complexes, et les gestionnaires se sont tournés vers le divertissement pour adultes avec une créativité sans bornes. Ainsi, quand ces séries ont débarqué sur le petit écran au début des années 2000, notamment avec Les Experts, les séries françaises, essentiellement des policiers comme Julie Lescaut ou Les Cordiers, ont vu leur audience chuter d’un seul coup.
Les diffuseurs français ont alors décidé de prendre des risques en revenant au format 52 minutes, en relevant les budgets et surtout en lâchant en partie la bride aux créateurs, dont les talents ont enfin pu se révéler. À des scénarios percutants et dans l’air du temps, ajoutons quelques têtes d’affiche, et en 10 ans la production française de séries a dépassé l’offre de fiction américaine. Mieux encore, les productions françaises s’exportent toujours plus ! Versailles, Le bureau des Légendes, Engrenages, Les Revenants, Marseille, Profilage… Les créateurs français n’ont pas fini de nous étonner !
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