Le 15 juin 2018, les groupes audiovisuels français TF1, M6 et France Télévision annoncent leur collaboration dans la création d’une plateforme SVoD intitulée : Salto. L’enjeu est de taille, et la concurrence est rude, au regard des géants américains qui précèdent l’initiative française de longue date, tel que Amazon Prime Video, Netflix, Disney + ou Apple TV +. Mais ne pas baisser les bras et relever le défi a pris le dessus, la plateforme Salto devrait voir le jour à l’automne 2020
Il y a presque 2 ans jour pour jour, TF1, M6 et France Télévision annonçaient la création d’une plateforme commune de SVoD qui viendrait concurrencer directement sa consœur Canal+ à la demande et certains géants américains tels que Netflix ou encore Amazon Prime Video.
L’objectif de la plateforme est donc de centraliser les programmes des différentes chaînes sur un site internet commun. Prévu initialement au 1er trimestre 2020, le lancement de la plateforme a finalement été repoussé à l’automne 2020 en raison de l’épidémie de Coronavirus.
Le montant des investissements des différents groupes n’a pas été communiqué, mais d’après le journal Le Monde, ils devaient s’élever initialement au moins à 50 millions d’euros (voir l’article). C’est finalement près de 135 millions d’euros qui devraient être mis sur la table pour 2020-2023, dans le but de contrer les investisseurs massifs tel que Netflix France. Ce seront par la suite près de 250 millions d’euros qui devraient venir rallonger cet investissement en comptant les recettes générées par Salto. Bref, c’est chose faite. L’on peut d’ailleurs voir sur https://www.salto.fr/ un communiqué de presse indiquant que l’Autorité de la Concurrence a donné son autorisation le 12 août 2019 dernier, sous certaines conditions, afin d’éviter tout abus de position dominante.
Fonctionnement, originalité et gouvernance
« Nous sommes dans les starting-blocks avant le lancement cet automne. Dans cette perspective, on ouvre une phase de tests mercredi », a confirmé Thomas Follin, directeur général de Salto à l’Agence France Presse. Depuis mercredi 3 juin, Salto est donc en phase de test auprès d’un panel de 300 consommateurs.
En effet, c’est sur l’ergonomie et l’originalité de l’utilisation du service que Salto souhaite se démarquer. Cette phase de test est alors cruciale pour la future plateforme. Elle entend donc proposer une éditorialisation et personnalisation de son service au travers d’une mise en forme de son catalogue, de son design, des « parcours utilisateur » et autres idées comme la catégorisation des contenus. « Seuls », « à deux », « en famille », « entre amis », ou encore « frissons », « rire », « évasion », voici à quoi pourraient ressembler les sections de la plateforme.
Côté gouvernance, gestion et management, l’enjeu fut lui aussi de taille. En effet, il a fallu trouver le moyen de concilier trois grands groupes aux chartes éditoriales différentes. Une coentreprise a donc été créée, à l’image de TPS à l’époque (ce bouquet de télévision par satellite créé en 1995 par France Télévisions, TF1, M6 et Suez), et les trois groupes se partageront chacun un tiers de l’entreprise. Les décisions seront prises à l’unanimité.
À cela se sont ajoutées les négociations avec les divers acteurs français de la concurrence tels que Free, Orange ou SFR et leurs bouquets d’accès à la télévision internet. En effet, après presque cinq ans de discussions, un accord est tombé, les opérateurs devront augmenter leurs tarifs avec des services premium comme ceux qu’offrira Salto. Le but étant de ne pas rompre « l’égalité » entre les distributeurs. D’autre part, les trois partenaires précisent qu’ils conserveront leurs propres plateformes gratuites que sont France.tv, MyTF1 et 6 Play.
Formules, abonnements et catalogue ?
Côté formule, rien n’est encore fixé, mais se dégage une tendance générale. Pendant longtemps fut évoquée la question d’un accès gratuit, mais qui finalement s’est vu être écarté pour ne pas biaiser la concurrence du marché.
À ce jour, plusieurs formules sont à l’étude. L’une proposerait un abonnement de 2 à 5 euros par mois, qui donnerait accès aux directs des chaînes des trois groupes (France 2, France 3, France 5, TF1, TMC, NT1, M6, W9, 6Ter…), des services premium comme le visionnage en rattrapage sur une période étendue, un « start over » pour reprendre un programme au début, ou encore le « stacking » pour voir les épisodes précédents d’une série en cours.
Devraient aussi être proposées des avant-premières, des programmes en exclusivité en somme. Une autre formule pourrait venir directement concurrencer Netflix et proposera un abonnement de 7 à 8 euros par mois (comprenant aussi les avantages cités précédemment) donnant un accès illimité à des séries, films, documentaires, dessins animés, mais aussi de l’information et du divertissement. L’offre se concentrera sur des productions françaises et européennes comme : Capitaine Marleau, Clem, Apocalypse, Petit Ours Brun…
La différence entre les forfaits s’ajustera selon plusieurs critères comme la définition du contenu (standard, HD, ultra-HD) ou encore l’offre classique multicomptes qui permettrait des connexions simultanées au sein d’une même famille. Une offre premium verra probablement le jour et se baserait sur des bouquets d’exclusivités et d’inédits et de la sorte faire varier les contenus.
Quant à la gestion du catalogue, les annonces sont plus floues. Si l’on ne sait pas tout à fait ce qui s’inscrira au catalogue, l’on en sait déjà plus sur ce qui n’y figurera pas. D’après le communiqué de presse de Salto, la plateforme « permettra de retrouver tous les meilleurs programmes de télévision des trois groupes (le direct et le rattrapage), mais aussi de découvrir des programmes inédits ».
Takis Candilis, le directeur général de France Télévisions, a d’ailleurs confirmé sur France Inter que plusieurs des programmes phares du groupe ne seraient pas disponibles sur Salto. Ce sera par exemple le cas de Cash Investigation, le magazine d’enquête présenté par Élise Lucet qui représente aujourd’hui l’un des plus gros scores d’audience de l’audiovisuel public. Pour résumer, la plateforme aura l’avantage de centraliser sur un site commun de nombreux contenus déjà diffusés sur l’ensemble des chaînes des groupes investisseurs, mais elle proposera aussi, et surtout, du contenu original. Salto est comme un saut périlleux de l’audiovisuel français, un bon en avant vers le tout numérique.
Quoiqu’il en soit, c’est chose faite, et nous serons très curieux de découvrir cette nouvelle plateforme de SVoD qui ne peut être qu’un catalyseur de plus à la production audiovisuelle française. Toute l’équipe de Stardust MasterClass, la plateforme de formations en ligne dédiée au Cinéma, à l’Audiovisuel et à l’Écriture, sera bien entendu, au rendez-vous.