Il n’y a pas que le scandale #MeToo qui touche les femmes. Au-delà de 50 ans, les actrices disparaissent progressivement des écrans. Un problème dont le manifeste « AAFA Tunnel des 50 » espère mettre fin.
« Sur tous les films français sortis en 2015, seulement 8 % des rôles sont attribués à des comédiennes de plus de 50 ans. Et en 2016, c’est pire : 6 %. À partir de 50 ans, les femmes développent un super-pouvoir, elles deviennent invisibles. Surtout à l’écran ! »
Ce cri d’alerte émane du « manifeste AAFA Tunnel des 50 ». Dans le monde du cinéma, et il s’agit là d’un constat plus que criant, les femmes sont très souvent cantonnées à des seconds rôles. Et pour beaucoup d’entre elles, la carrière n’excède pas la cinquantaine. Une retraite anticipée ? Plutôt forcée. Les rôles féminins retenus oscillent entre la vingtaine et la quarantaine d’années, avec des rôles souvent similaires, comprenons par là des rôles de faire-valoir ou d’objets sexuels. On retrouve dans ces rôles l’archétype de la jeune femme cherchant l’amour (la vingtaine d’années), la jeune maman ou la célibataire névrosée (ayant une trentaine d’années), la femme carriériste (une quarantaine d’années). Très peu de rôles pour les femmes de plus de 50 ans, laissant l’amère impression qu’à partir d’un certain âge, elles n’ont plus aucune utilité dans le monde du cinéma.
Cinquante nuances plus sombres
Les producteurs et scénaristes, majoritairement masculins, pensent à tort qu’une femme de plus de 50 ans n’est plus bankable, qu’elle ne plaira pas au public. « Quand l’homme incarne le pouvoir, la supériorité, la rationalité, la femme, elle doit tendre à la séduction. C’est pourquoi le vieillissement est chez elle une angoisse », expliquait la sociologue Marie Buscatto dans une interview accordée à l’Express. Dans les faits, une actrice aurait donc une carrière beaucoup plus courte que son homologue masculin. Une injustice et une inégalité qui se retrouvent également socialement, dans les salaires, ou dans les discriminations à l’embauche. De manière caricaturale, un acteur de plus de 50 ans se verra confier le rôle de milliardaire, de businessman, de dirigeant d’État, de gangster, de sage, ou encore de superhéros, tandis qu’une actrice de plus de 50 ans se verra plutôt confier le rôle de mère ou de grand-mère, avec très souvent très peu de répliques ou d’apparition à l’écran.
Face à cette injustice et afin de rallonger leur carrière, certaines comédiennes ont recours à la chirurgie pour paraître plus jeunes. Une option pour les comédiennes françaises, un passage presque obligé pour les actrices américaines, à qui l’on impose une certaine mensuration, une certaine allure et un visage jeune. Un choix cornélien où celles qui se refusent à ce chantage sont de plus en plus ignorées par les producteurs de cinéma ou de télévision. Les soap-opéras reflètent bien cette disparité et injustice envers les femmes âgées de plus de 50 ans. Au fil des saisons, on constate très souvent que des actrices ont recours à la chirurgie esthétique. Progressivement, les actrices plus âgées sont remplacées par des actrices plus jeunes, parfois pour interpréter le même personnage. Un problème que ne connaissent pas les hommes, en témoignent Victor Newman dans Les Feux de l’amour ou l’irascible JR dans Dallas. Le constat est le même au cinéma, où l’on constate que les stars des années 1990 Julia Roberts, Kim Basinger, Sharon Stone, etc. ont progressivement quitté les grosses productions pour apparaître dans des téléfilms ou des publicités.
Faisons cinquante-cinquante
Pour mettre un terme à ces injustices, l’AAFA a lancé un manifeste signé par déjà plus de 10 000 personnes à ce jour. Le but de ce manifeste est de changer les mentalités. Preuve en est avec ce concours de scénarios lancé par la Maison du Film, dont l’héroïne est d’au moins 50 ans, ou avec cette étude demandée, qui serait genrée par âge sur les acteurs et actrices. « Avec cette étude-là, nous pourrions pointer les choses et savoir à quel moment les actrices disparaissent des écrans. Nous voulons agir avec le CSA, le CNC et sommes en contact régulier avec le ministère de la culture là-dessus, mais il nous faut les chiffres », explique Marina Tomé, comédienne à l’origine de cette pétition.
Stardust MasterClass soutient cette pétition pour une meilleure visibilité des femmes de plus de 50 ans. Nous vous invitons à signer cette pétition à l’adresse suivante : https://aafa-asso.info/tunnel-de-la-comedienne-de-50-ans/
Stardust MasterClass, plateforme de formations dédiée au cinéma, à l’audiovisuel et à l’écriture, aborde également le sujet des actrices de plus de 50 ans dans sa formation acteur et dans la vidéo de nos intervenantes Cécile Pallas et Smadi Wolfman.