Ce 25 mai 2020, George Floyd, afro-américain, est interpellé par Derek Chauvin, un policier blanc, à Minneapolis dans le Minnesota aux États-Unis. 8 minutes et 46 secondes, c’est le temps qu’il lui aura fallu pour succomber au plaquage du policier. Un énième drame qui ébranle à nouveau la communauté afro-américaine, ravivant le slogan Black Lives Matter créé en 2013 après l’acquittement de George Zimmerman pour le meurtre de Trayvon Martin.
8 minutes 46 pour nous quitter, moins d’une heure pour faire battre le cœur du monde entier. Filmée par des passants, la scène est propulsée sur les réseaux, et embrase en quelques heures la toile, et le monde, choqué, s’émeut. Le soir même, Minneapolis entre en révolte. Puis le reste des grandes métropoles américaines suivent jour après jour.
La colère brise les frontières et gagne alors le monde tout entier. En France, il fait écho pour certains au décès d’Adama Traoré survenu en 2016 dans un commissariat, entrainant de nouvelles manifestations, arborant le slogan #JusticePourAdama. 8 minutes 46 à bout de souffle transmutées en un véritable cri de guerre pour clamer le sentiment d’injustice qui nous étreint tous : Black Lives Matter, comme si la réalité s’emparait de la fiction, pourtant, tout est bien réel. Quelle est la place du Cinéma dans cette histoire ? Et comment le paysage audiovisuel français s’accommode des injustices sociales et ethniques de nos jours ?
Le cinéma, un rôle engageant
Le 7ème Art a toujours été un espace propice pour la prise de parole.
En son temps déjà, Charlie Chaplin s’en emparait avec grâce pour accuser les dérives d’un système productiviste qui faisait de l’Homme une machine (Cf. Les Temps Modernes), ou encore pour dénoncer les horreurs du nazisme (cf. Le Dictateur). Avec Chaplin, le cinéma politique est amorcé.
Si le cinéma ne cherche pas toujours à faire passer un message politique, de nombreux films ont su endosser ce rôle lorsque cela était nécessaire. Montrer, porter à l’écran peut être un acte politique fort. Après le drame du meurtre de George Floyd ce 25 mai dernier, voici ce que disait le célèbre acteur Will Smith : « le racisme ne s’aggrave pas, il est juste filmé désormais ».
Filmé, montré, dénoncé, vu. Là est la force du cinéma. Depuis toujours, le grand écran est comme une fenêtre, dont le regard projeté au travers, permet de mieux saisir les enjeux qui se dessinent sur la toile de la réalité. Charlie Chaplin, mentionné précédemment, mais aussi Ken Loach avec « Bread and roses » ou encore « I, Daniel Blake », Agnès Varda et « Sans toit ni lois », ou « Black Panther », rendu d’ailleurs gratuitement disponible par MK2 depuis le drame. Citons aussi Michael Moore avec « The big one » et « Bowling for Columbine », Costa-Gavras ou encore Mathieu Kassovitz sur les conditions de vie dans les banlieues avec « La Haine », Spike Lee et son puissant « BlacKkKlansman », et bien d’autres.
Depuis quelques jours, nous voyons fleurir sur la toile comme un bourgeon révolutionnaire en soutien du mouvement Black Lives Matter. Et de toute évidence, le Cinéma est bel et bien au cœur de la partie. De nombreuses personnalités incitent à visionner tel film, revoir tel documentaire, pour mieux comprendre ce qui est venu heurter nos consciences.
En voici une liste non-exhaustive qui n’appelle qu’à grandir !
• Black Panther d’Agnès Varda, autour du mouvement Black Panther Party suite au procès de Huey Newton à Oakland.
• Do The Right Thing et BlacKkKlansman de Spike Lee.
• 13Th, When They See Us et Selma d’Ava DuVernay.
• I am Not Your Negro de Raoul Peck.
• 12 Years A Slave de Steve McQueen (II).
• Vous pouvez aussi consulter cet article « Black Lives Matter : 8 films pour mieux comprendre ».
• Ou encore cet excellent article sur Allociné qui parle de Black Lives Matter dans les séries : « Comment ce mouvement a trouvé un puissant écho à la télévision américaine » .
• Et enfin, « 5 documentaires pour s’éduquer sur le sujet des violences policières à visionner ».
Représentation de la diversité dans le paysage audiovisuel français
Au regard des événements récents, nous avons voulu prendre connaissance de la part de représentation des « origines » dans le paysage audiovisuel français. Même si les mœurs s’assouplissent et qu’une prise de conscience sur la question du racisme progresse en France, la question est toujours d’actualité. Le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) a récemment publié une étude au parlement traitant de « La représentation de la diversité de la société française à la télévision et à la radio ». Vous pouvez vous procurer l’étude ici. Mais voici en quelques mots les grandes lignes :
Les personnes perçues comme « blanches » restent largement majoritaires à la télévision, elles représentent 83 % des personnes indexées. Les résultats de la vague 2018 montrent toutefois une augmentation de 2 points de la représentation des personnes perçues comme « non-blanches » sur les antennes par rapport à 2016. Parmi les personnes perçues comme « non-blanches », une évolution est également à constater, en 2018, selon leur origine ethnoculturelle. Les personnes vues comme « noires » représentent 50 % (contre 45 % en 2016) alors que les personnes vues comme « arabes » sont moins nombreuses qu’en 2016 (leur proportion étant de 19 % alors qu’elles représentaient 25 % en 2016). La proportion de personnes perçues comme « non-blanches » est plus importante dans les fictions (20 %) que dans les autres programmes (sport 11 %, informations 13 %, magazines/documentaires 16 %, divertissement 16 %). (…), etc. (voir le rapport)
Les mentalités progressent…
Si vous souhaitez en savoir plus, voici quelques sources qui pourraient vous intéresser :
• Le discours vibrant de John Boyega (Star Wars)
• All the Movies Made Available to Watch Free in Support of Black Lives Matter
• https://blacklivesmatter.com/
• Lien vers le travail du CSA sur la diversité dans le P.A.F
Toute l’équipe de Stardust MasterClass, la plateforme de formations en ligne dédiée au Cinéma, à l’Audiovisuel et à l’Écriture, se mobilise pour suivre de près l’actualité de #BlackLivesMatter et continuer à vous informer sur tous les sujets qui comptent.