Christopher Nolan, Quentin Tarantino, Francis Ford Coppola, Martin Scorcese, Walt Disney, Pixar, Steven Spielberg, George Lucas… Derrière ces grands noms se cachent les plus grandes réussites de toute l’histoire du cinéma.
Certes, il ne faut pas renier nos Truffaut, Godard, Lellouche, Audiard et bien d’autres, mais tout de même, posons-nous la question, qu’est-ce que les américains ont compris de plus pour atteindre un tel succès ?!
Qu’est-ce qui fait la différence entre l’écriture française et américaine ?
Comme nous le dit le scénariste Frédéric Krivine : « l’auteur français va avoir une tendance naturelle à chercher de la complexité et de la sophistication tout de suite sur un personnage. C’est-à-dire montrer que la vie, c’est compliqué (…) », (lire l’article entier). S’il y a bien une chose qui ressort entre l’écriture française et l’écriture américaine, c’est la complexité même de l’écriture. Comme le dit Scott Myers dans une interview réalisée par la Guilde Française des Scénaristes (voir la vidéo), le cinéma américain est un artisanat. S’investir dans la vie de ses personnages, avoir un bon concept de film, des bonnes idées, ça c’est l’aspect créatif.
Mais lorsque l’on se met à raconter une histoire, alors à ce moment précis, on bascule dans l’artisanat avec ses outils, ses techniques. Il faut apprendre des choses indispensables pour raconter une bonne histoire, tout comme le tailleur de pierre qui doit apprendre à maitriser son maillet et son ciseau pour dégrossir sa pierre brute. William Goldman disait : « les scénarios sont des structures ». Pour Scott Myers la différence entre cinéma français et cinéma américain, est frappante : « En France, vous produisez surtout des drames, des comédies et des films d’auteurs, alors qu’aux US, on fait des films de genre (Science-Fiction, Horreur, Fantasy, Thriller). Aux US, c’est moins « créatif », on aime jouer avec les codes et les genres, on aime les réinventer. En France, on est plus cultivé, plus « intelligent » : we talk more about The Cinema than A Movie (on parle plus de Cinéma que de Films). Aux US, on aime les films popcorn, on s’amuse ».
L’idée est claire. En France, on fait des films complexes, avec des personnages compliqués, qui vivent une vie difficile, parce que « la vie est un millefeuille compliqué » (Cf. article Frédéric Krivine), « Les américains font en gros l’inverse. Il montre bien un millefeuille compliqué, comme dans Citizen Kane, mais ils le font successivement, c’est-à-dire qu’ils montrent un aspect d’un personnage, d’une situation, en se gardant bien de montrer les autres aspects, puis ils créent un turning point qui fait découvrir soudain, via une image forte, via une situation, via une révélation, un nouvel aspect ».
Le principe central exposé par Scott Myers dans son interview, est l’aspect émotionnel de la narration. Il ne s’agit pas forcément d’écrire des histoires que l’on a déjà vécues. « Chez Pixar, ils écrivent des choses qu’ils ne connaissent pas, comme un rat qui devient cuisinier ou un poisson qui perd son fils, ou des robots. Mais ce qu’ils connaissent bien, c’est la matière émotionnelle de ces histoires, les thèmes universels qui sont en jeu ». En somme, les gens regardent un film pour ressentir quelque chose. Il paraît que J.J Abrams avait réuni toute son équipe dans une salle avant le début de l’écriture de la nouvelle saga de Star Wars. Il avait écrit sur un tableau la chose suivante : « Qu’est-ce qu’on veut que le public ressente en sortant de la salle ? ».
Toujours selon Scott Myers, le plus important dans une histoire sont les personnages. Tout est centré sur eux, parce qu’après tout, c’est leur histoire, ce sont eux qui la vivent. À la question, quel est le plus important pour vous, la structure ou les personnages ? Il répond sans une once d’hésitation : « Les personnages, parce qu’ils sont la structure ! ».
Dans une autre interview, John Turby, script-doctor pour Hollywood, nous explique la différence notable entre un scénario américain et un scénario européen. « Dans un film américain, il n’y a qu’un seul héros, qui n’a qu’un seul but, face à un seul méchant. On a un scénario avec un personnage qui doit accomplir une seule tâche. En France et en Europe, souvent l’histoire est menée par plusieurs personnages avec différents objectifs, l’histoire est plongée dans la société toute entière. Ça ne parle pas de la manière de réussir, mais plutôt de l’interaction entre les personnages. Aux États-Unis, nous abordons une forme simple, quand en France, on a une forme entonnoir et une histoire qui va dans plusieurs directions ». Voir l’interview.
En résumé, le plus important, ce sont les personnages, la structure, les séquences, les scènes. Toujours selon Scott Myers, le Cinéma est un médium visuel, où par exemple, les dialogues ne doivent pas être synonymes de conversation (sauf chez Quentin Tarantino qui maîtrise particulièrement bien le genre…). Ils visent un but, chaque ligne doit révéler un peu plus les personnages et faire avancer l’histoire, car ils sont au service de l’histoire. Clint Eastwood était célèbre pour cela, il barrait en rouge la majeure partie des dialogues.
10 conseils de Quentin Tarantino pour écrire un bon film
- Développez votre propre processus d’écriture, celui qui vous rend heureux.
- Ne rendez pas votre audience confuse. Chaque dialogue, chaque séquence, chaque scène, doivent servir l’intrigue, l’audience doit se sentir entre de bonnes mains.
- Réécrivez des scènes venant d’autres films, écrivez-les de mémoire, et lorsque que vous avez un trou de mémoire : « just fill in the blanks ! », comblez les blancs avec vos propres mots.
- Reprenez les plus vieilles histoires, les légendes, les contes, ou les vieux romans, et réinventez-les. Partez d’une scène, d’un chapitre, et réécrivez une toute nouvelle histoire.
- Évacuez la « Morale » de vos histoires pour obtenir des personnages intéressants : « morality not even be an issue at all, let your characters be who they are ».
- Écrivez le film que vous voulez voir.
- Commentez vous-même votre script, posez des questions à vos personnages, demandez vous quel est le sens véritable de votre scène, et quel est son but. Questionnez votre scénario.
- Donnez à vos personnages des choix à faire impérativement et des conséquences qui en découle.
- Écrivez l’histoire complète de vos personnages pour rendre la lecture de votre scénario plus agréable, mais aussi, pour aiguiller les acteurs qui joueront vos personnages.
- « Love what you do ! ».
Nous vous invitons par ailleurs à regarder le webinaire de Dominique Lancelot réalisé par Stardust MasterClass et l’INA, qui aborde les différentes problématiques liées à l’écriture de scénarios pour les séries : voir l’interview.
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