Mars 2021, un an vient de s’écouler après le premier confinement, quelques semaines de répit puis la fermeture jusqu’à nouvel ordre des lieux de culture suite à la crise sanitaire qui dure. Cette année encore, après J’accuse l’année dernière, les Césars ont une nouvelle fois pris un ton particulier…
Fallait-il oui ou non faire une cérémonie pour 2021 ? La question provocatrice est posée dès l’ouverture par Marina Foïs, maîtresse de Cérémonie, après avoir ramassé une « crotte » de chien sur la scène et livré un discours au Vitriol, fustigeant les mesures « anti-culture » prises par le gouvernement. Voilà, le ton est donné pour les Césars 2021.
No Culture, No Futur
Vous n’aurez pas manqué l’intervention culottée de Corine Masiero, qui s’est littéralement dénudée, poing gauche levé en l’air en signe de résistance, pour témoigner du désarroi dans lequel se trouve en ce moment le monde de la culture. D’un côté : « No Culture, No future » tagué sur le corps ; de l’autre, « Rends-nous l’Art Jean ». Théâtres occupés, Césars insurgés, comme à son habitude, la Culture rompt le silence pour Dire, pour Déclamer, elle qui malheureusement se voit privée en partie de son public depuis une année. Fallait-il politiser, fallait-il ne rien dire ? Les avis divergent, tout le monde n’est pas d’accord, mais ce qui est sûr, c’est qu’une Culture qui dérange est une Culture qui a encore le droit de parler. C’est donc une Culture bien vivante qu’on a vue cette année pour les Césars 2021, une Culture essentielle qui continue quand même d’exister.
Heureusement, l’histoire ne s’arrête pas là. Après le Thaumatrope, le Zootrope de William George Horner et Simon Stampfer fait son apparition en 1834. Lui aussi basé sur l’effet phi, le Zootrope (voir image ci-dessous) est un peu plus connu que son prédécesseur :
L’Essentiel | Le Palmarès
Essentielle, voilà pourquoi il fallait très probablement faire cette cérémonie malgré un an sans Grand Écran ni public. Même si les projecteurs sont restés éteints, acteurs, producteurs, réalisateurs ont continué à créer pour nous faire rêver. Qui a eu quoi cette année ? Faisons le tour ensemble du palmarès !
– Adieu les cons, d’Albert Dupontel, a fait carton plein pour cette année avec 7 récompenses. Meilleur Film (Albert Dupontel), Meilleure Réalisation (Albert Dupontel), Meilleur Acteur dans un second rôle (Nicolas Marié), Meilleur Scénario Original (Albert Dupontel), Meilleure Photographie (Alexis Kavyrchine), Meilleurs Décors (Carlos Conti), César des Lycéens.
– Laure Calamy, Meilleure Actrice dans Antoinette Dans Les Cévennes. Actrice d’origine Orléanaise, membre du collectif 50/50 qui a pour but de promouvoir l’égalité des femmes et des hommes dans le cinéma et l’audiovisuel. De très nombreuses apparitions talentueuses au Théâtre, un nombre incalculable de rôles au cinéma, un rôle acclamé dans la série Dix pour Cent, etc. Récompensée plusieurs fois déjà : Festival Côté Court de Pantin en 2001 (Prix d’interprétation féminine), Festival Entrevues de Belfort 2011, Festival Sundance 2015, Molières 2018.
– Meilleur Acteur dans Un Fils, pour Sami Bouajila, une tête bien connue dans le paysage cinématographique français dont on ne compte plus le nombre de films à son actif tellement il y en a ! Téléfilms, cinéma, théâtre, séries, jury… et bien sûr, de nombreuses fois récompensé pour son talent : Festival de Cannes en 2006 (prix d’interprétation masculine), Mostra de Venise, César 2008, Festival de Cabourg 2000…
– Drunk de Thomas Vinterberg pour le Meilleur Film Étranger. Thomas Vinterberg, producteur, réalisateur et scénariste Danois, connu pour être l’un des fondateurs du mouvement cinématographique Dogme95 avec le célébrissime Lars Von Trier, dont le manifeste proclame un cinéma plus sobre, et moins d’effets spéciaux à l’anglo-saxonne. Il est notamment le réalisateur du brillantissime Festen.
– Emilie Dequenne, Meilleure Actrice dans une second rôle dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait. Emilie Dequenne, révélée en 1999 avec Rosetta des frères Dardenne qui lui vaut déjà le prix d’interprétation féminine tandis que le film, lui, recevait la Palme d’Or.
– Tina Baz, Meilleur Montage pour le documentaire Adolescentes. Tina Baz, Titrée parfois Tina Le Gal ou Tina Baz Le Gal, elle collabore avec Sébastien Lifshitz, mais aussi avec Naomi Kawase. Monteuse franco-libanaise, de nombreux longs-métrages à son actif, ainsi que de nombreux documentaires.
– Rone, Meilleure Musique Originale pour le film La nuit venue. Qui ne connaît pas Rone pour sa musique arborescente et colorée, Tohu Bohu ou la célèbre piste Bora Vocal sur un texte d’Alain Damasio, auteur de Science-Fiction reconnu pour sa plume.
– Stéphane Demoustier, Meilleure Adaptation pour La fille au bracelet. Carrière passionnante pour Stéphane Demoustier, qu’il démarre au ministère de la Culture, dans le département de l’architecture. Il monte une société de production avec sa sœur, réalise de nombreux courts-métrages, puis un 1er long métrage en 2014 avec Terre Battue. 9 réalisations à son actif avant d’obtenir ce César pour son dernier film sorti en 2019.
– Madeleine Fontaine, Meilleurs Costumes pour La bonne épouse. Créatrice de costume depuis 1980. Un CV extraordinaire pour ses créations costumières dans des dizaines et des dizaines de films ! Déjà, récompenser de multiples fois, César du meilleur costume pour Un long dimanche de fiançailles, ou encore Séraphine.
– Sébastien Lifshitz, Meilleur Film Documentaire pour Adolescentes. Réalisateur, mais aussi scénariste. Plutôt documentaire, e, mais aussi quelques fictions à son CV. Il dispose d’une distinction toute particulière puisqu’il est fait, en 2013, Chevalier de l’ordre des arts et des lettres par la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. De très nombreuses récompenses à son palmarès, notamment pour son film Wild Side sorti en 2004.
– Josep, d’Aurel pour le Meilleur Film d’Animation. Aurélien Froment de son vrai nom, Dessinateur de presse à l’origine, pour Le Monde, Le Monde Diplomatique notamment. Il coréalise en 2011 le court-métrage d’animation Octobre Noir avec Florence Corre.
– L’heure de l’ours, Meilleur Court-Métrage d’Animation, d’Agnès Patron, tout droit sortie de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, la célèbre ENSAD. Un 1er film d’animation, La Valse Du Pendu, 2009. Ou encore La Veuve Caillou, 2011, primé au Festival du film de Dresde. L’heure de l’ours avait déjà été en compétition en 2019, au Festival de Cannes pour la Palme d’or du court-métrage.
– Qu’importe si les bêtes meurent, Meilleur Court-métrage, de Sofia Alaoui, franco-marocaine, habituée des courts-métrages, mais aussi réalisatrice de Documentaires et de Fictions pour France 3, TV5, OCS (Belle Ville 2016, Les enfants de Naplouse 2015).
– Deux, Meilleur Premier Film, de Filippo Meneghetti. Deux est également choisi pour représenter la France aux Oscars 2021, et se voit donc présélectionné dans la catégorie Oscar du meilleur film étranger.
– Meilleur Espoir Masculin pour Jean-Pascal Zadi dans Tout simplement noir. Réalisateur, mais aussi rappeur, il se lance d’abord dans la musique avant de réaliser en 2005 un documentaire intitulé Des halls aux bacs. Il réalise ensuite trois films auto-produits entre 2008 et 2011.
– Meilleur Espoir Féminin pour Fathia Youssouf dans Mignonnes, toute jeune actrice née en 2006.
– César Anniversaire pour la troupe du Splendid, avec la présence de Christian Clavier, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Bruno Moynot, qui nous rappellent les comédies incontournables, à la française, et qui sauront nous tirer un sourire malgré la crise que traverse la Culture en ce moment.
– César d’Honneur pour Jean-Pierre Bacri, évidemment, l’on ne pouvait pas ne pas rendre hommage à cette immense personnalité du cinéma Français. Acteur, scénariste, dramaturge, Oscar du meilleur film international en 2001 pour Comme une image. Prix du Scénario à Cannes en 2004 pour le même film. Molière de l’auteur en 1992 pour Cuisine et dépendances…
Cette année, les Césars 2021 nous ont livré une cérémonie pas comme les autres, circonstances obligent. Néanmoins une chose est sûre, la Culture est bien vivante et continuera, quoiqu’il arrive, à nous faire rêver, et à faire de l’Art une denrée essentielle à notre esprit. Stardust MasterClass, la plateforme de formations en ligne dédiée à l’écriture, au Cinéma, à l’Audiovisuel et à l’Écriture, est plus que jamais engagée dans la création, et travaille tous les jours à l’émergence de nouveaux talents pour que la Culture batte son plein, peu importe les conditions !