Chronologie des médias, ça vous dit quelque chose ? Non ? Mais si, c’est le délai qu’il y entre la sortie d’un film au cinéma et son arrivée sur les chaînes de télévisions et/ou désormais sur les plateformes SVoD tels que Netflix, Amazone Prime ou encore OCS. Tout devait changer, mais, Coronavirus oblige, la réforme de l’audiovisuel français se voit complètement bousculée. Qu’en est-il aujourd’hui ?
La chronologie des médias est une pratique typiquement française, dont l’encadrement par l’État au travers de la loi ne se fait d’ailleurs que chez nous. En effet, aucun autre pays n’a adopté de réglementation nationale de chronologie des médias. En général, celle-ci est un contrat défini entre les différents intéressés pour chacun des films.
À l’origine de la chronologie des médias
À l’origine, le délai de diffusion sur l’ORTF des films cinématographiques était de cinq ans après la sortie en salle. C’est en effet à compter des premières exploitations des films sur supports vidéographiques que le 2 avril 1980 des arrêtés ministériels sont pris pour instaurer des délais de diffusion entre cinéma et télévision. Une loi du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle instaure définitivement le projet et son décret d’application voit le jour au 4 janvier 1983.
Au cours du temps, cette loi est modifiée pour répondre aux nouvelles conditions technologiques avec l’arrivée d’internet. Au 21 décembre 2018, la chronologie des médias était la suivante. Après l’exploitation en salle, il fallait attendre :
- 4 mois — vente et location de supports vidéographiques, la vidéo à la demande avec paiement à l’acte.
- 8 mois — première fenêtre payante : télévision payante de cinéma ayant signé un accord avec les organisations du cinéma (Canal+, OCS).
- 17 mois — vidéo à la demande par abonnement : plateformes dites « vertueuses ».
- 22 mois — première fenêtre gratuite : télévision en clair investissant au moins 3,2 % de son CA (part antenne) dans le financement d’œuvres européennes (TF1, France Télévisions, M6…).
- 36 mois — vidéo à la demande par abonnement : plateformes « non vertueuses* » (Netflix, Disney+, Amazon Video).
- 44 mois — mise à disposition en vidéo à la demande gratuite.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la page particulièrement complète de Wikipédia sur la chronologie des médias.
Chronologie des médias, Coronavirus et Réforme de l’Audiovisuel
Dans le cadre de la crise sanitaire engendrée par le Covid19, une exception a été émise à l’encadrement actuel de la chronologie des médias. En effet, après la fermeture des établissements accueillant du public et notamment des cinémas, le gouvernement adopte l’état d’urgence le 23 mars 2020. L’article 17 de cette loi prévoit que le Président du CNC peut décider de réduire les délais prévus par la chronologie des médias pour les films qui étaient en cours de diffusion et/ou destinés à être diffusés en salle à la veille du confinement.
En bref, entre grands festivals de cinéma au format numérique et réduction, voire annulation, des délais pour diffusion en ligne et à la télévision des films exploités en salle, tout a été chamboulé.
Quant à la réforme de l’audiovisuel français, les choses n’étaient déjà pas simples, les voilà devenues complètement bouleversées au regard de la crise du Covid19. Les titres de presse résument tragiquement la situation : « La grande loi sur l’audiovisuel enterrée : un cruel désaveu pour Franck Riester » Télérama, 19 juin 2020. « Le gouvernement taille en morceaux la loi sur l’audiovisuel » Le Monde, 18 juin 2020. « La réforme de l’audiovisuel public reportée à une date inconnue » Les Échos, 6 mai 2020.
Déjà plus ou moins contestée, puis reprise en main par Matignon, la réforme prévue d’être portée à l’Assemblée nationale dès le 31 mars 2020, se voit tout bonnement reportée !
La fameuse holding France Médias prévue pour 2022, genre de BBC à la française, qui devait regrouper France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, INA, part tout simplement à la trappe ! La réforme prévoyait entre autres de revoir des mesures phares de l’économie et de l’organisation de l’audiovisuel en France. Notamment devait être porté l’obligation des plateformes SVoD disposant d’un siège français (comme Netflix France) d’investir dans la production française près de 25 % de leur chiffre d’affaires (soit 200 millions d’€, deux fois plus qu’aujourd’hui).
Voici cependant quelques mesures qui devaient voir le jour :
- (En suspens pour le moment) La suppression des chaînes France 4 et France Ô qui seront exclusivement diffusées sur les plateformes numériques de France Télévisions dès 2020.
- Fin de l’interdiction pour les chaînes de diffuser des films les mercredis, vendredis, et samedis.
- Possibilité de proposer une publicité dite segmentée sur les chaînes distribuées via les box, comme la diffusion de pubs géolocalisées, mais de manière encadrée.
Vous pouvez consulter l’ensemble du projet de loi directement sur le site de l’assemblée nationale : http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b2488_projet-loi
Le sujet vous intéresse ? Toute l’équipe de Stardust MasterClass, la plateforme de formations en ligne dédiée au Cinéma, à l’Audiovisuel et à l’Écriture, se tiendra informée et ne manquera pas de vous transmettre toutes les évolutions en la matière !