Le magazine « Le Film français » a publié ce mois-ci le classement des films les plus rentables de l’année 2018. Un classement qui montre en filigrane le business juteux des comédies. Retour sur une année qui a fait beaucoup d’heureux, mais également beaucoup de déçus.
Pour bon nombre de sociétés de production, un film n’est réussi que lorsqu’il est vraiment rentable. Au-delà de l’aspect artistique, c’est avant tout un intérêt commercial qui est mis en place. En investissant quelques millions pour la production et la promotion d’un film, une société va espérer faire une plus-value importante grâce aux nombres d’entrées.
Pour cette année 2018, comme pour les précédentes, il fallait miser sur les comédies. Avec un budget de seulement 437 000 euros, L’Amour Flou de Romane Bohringer et Philippe Rebbot arrive en tête des films les plus rentables. Cette comédie romantique qui raconte l’histoire d’un couple qui se sépare tout en restant ensemble a réuni 194 000 entrées, totalisant près de 155 % de rentabilité. Une très bonne année pour Romane Bohringer et Philippe Rebbot, ponctuée par une nomination aux César 2019 dans la catégorie « Meilleure première œuvre », finalement remporté par le film Shéhérazade. En deuxième position, on retrouve sans surprise Les Tuche 3 d’Olivier Baroux, qui totalise 151 % de rentabilité, avec un budget assez conséquent de 13 millions d’euros. Lauréat du César du public, le troisième volet de cette famille déjantée a réuni 5,6 millions d’entrées en salle. En troisième position, on retrouve encore une comédie avec Tout le monde debout de Franck Dubosc qui, avec un budget de 10 millions d’euros et 2,4 millions d’entrées en salle, enregistre 84 % de rentabilité.
1. L’Amour flou de Romane Bohringer et Philippe Rebbot : 155 % de rentabilité – budget de 437 000 euros (194 000 entrées en salle).
2. Les Tuche 3 d’Olivier Baroux : 151 % de rentabilité – budget de 13 millions d’euros (5,6 millions d’entrées en salle).
3. Tout le monde debout de Franck Dubosc : 84 % de rentabilité – budget de 10 millions d’euros (2,4 millions d’entrées en salle).
4. Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret : 79 % de rentabilité – budget de 3,5 millions d’euros (823 000 entrées en salle).
5. Le Grand Bain de Gilles Lellouche : 78 % de rentabilité – budget de 18 millions d’euros (4,2 millions d’entrées en salle).
6. La Ch’tite Famille de Dany Boon : 73 % de rentabilité – budget de 26,8 millions d’euros (5,6 millions d’entrées en salle).
7. Le Jeu de Fred Cavayé : 71 % de rentabilité – budget de 7,9 millions d’euros (1,6 million d’entrées en salle).
8. Taxi 5 de Franck Gastambide : 62 % de rentabilité – budget de 20,3 millions d’euros (3,6 millions d’entrées en salle).
9. Première Année de Thomas Lilti : 57 % de rentabilité – budget de 6,1 millions d’euros (1 million d’entrées en salle).
10. Les Vieux Fourneaux de Christophe Duthuron : 55 % de rentabilité – Budget de 5,8 millions d’euros (939 000 entrées en salle).
À travers cette rentabilité, tous ces réalisateurs s’attribuent le titre symbolique de « bankable ». Un producteur ouvrira plus facilement sa porte à quelqu’un qui lui rapportera des profits, plutôt qu’un réalisateur réputé pour des films ayant réuni peu de monde en salle. C’est malheureusement le cas de nombreux réalisateurs, dont Terry Gilliam, célèbre pour sa carrière d’acteur chez les Monty Pythons, mais également pour sa carrière de réalisateur. Outre les films à succès (Les aventures du Baron de Münchhausen, L’armée des douze singes, Monty Python : le sens de la vie, Le Roi pêcheur), Terry Gilliam a également l’étiquette d’un réalisateur malchanceux, aux multiples projets avortés ayant coûté des millions de dollars. L’un de ses plus célèbres échecs est très certainement son film Don Quichotte, dont le documentaire Lost in la Mancha retrace toutes les péripéties du film et les relations tumultueuses entre le réalisateur et la production. Lancé en 2000 et ayant connu plusieurs désagréments lors du tournage, pour finalement être annulé à trois reprises. En 2018, Terry Gilliam sortira enfin The Man who killed Don Quichotte, mettant fin à presque vingt ans de malédiction, pour n’attirer que 122 744 spectateurs en France.
Dans son classement annuel, Le Film français détaille également les films les moins rentables de l’année 2018, où l’on retrouve en première position Braqueurs d’élite de Steven Quale. Avec un budget de 66 millions de dollars, ce film d’action franco-allemand n’a attiré que 47 000 entrées en salle.
Classement des films les moins rentables de 2018
1. Braqueurs d’élite de Steven Quale : 0,25 % de rentabilité – budget de 66,1 millions d’euros (47 000 entrées en salle).
2. Si tu voyais son cœur de Joan Chemla : 0,76 % de rentabilité – budget de 3 millions d’euros (6 700 entrées en salle).
3. Le lion est mort ce soir de Nobuhiro Suwa : 1,05 % de rentabilité – budget de 2,1 millions d’euros (6 500 entrées en salle).
4. Chien de Samuel Benchetrit : 1,17 % de rentabilité – budget de 3,4 millions d’euros (11 600 entrées en salle).
5. 9 Doigts de François-Jacques Ossang : 1,39 % de rentabilité – budget de 1,2 million d’euros (4 800 entrées en salle).
6. Cornelius le meunier hurlant de Yann Le Quellec : 1,5 % de rentabilité – budget de 4,7 millions d’euros (20 200 entrées en salle).
7. Milla de Valérie Massadian : 1,61 % de rentabilité – budget de 670 000 euros (3 000 entrées en salle).
8. Bravo Virtuose de Levon Minasian : 1,77 % de rentabilité – budget de 1 million d’euros (5 100 entrées en salle).
9. Les Confins du monde de Guillaume Nicloux : 2,17 % de rentabilité – budget de 7,7 millions d’euros (47 900 entrées en salle).
10. Sophia Antipolis de Virgil Vernier : 2,21 % de rentabilité – budget de 1 million d’euros (6 500 entrées en salle).
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