De tout temps, l’Homme n’a eu de cesse d’user de ce dont il disposait pour clamer les injustices qu’il vivait. Que ce soit à travers la musique, la peinture, la littérature, la poésie ou le théâtre, l’art a toujours été l’un des vecteurs les plus puissants pour traduire les maux des sociétés humaines. Depuis sa création, le 7ème Art ne fait pas exception, et sert lui aussi de média pour la cause engagée.
Fondé sur la liberté de s’exprimer et de dénoncer, le cinéma engagé est un moyen de mettre en lumière les réalités humaines et sociales à travers l’image et le son. Le but n’est plus seulement de divertir, mais de changer le regard du spectateur, voire de le mobiliser. L’enjeu est parfois d’informer, ou, plus fort encore, de contre-informer. S’en remettre à la force des images, à la profondeur du Grand écran pour défendre une vision du monde. Le cinéma engagé est, de fait, quand il est réussi, incroyablement puissant sur les plans créatifs, intellectuel et sociétal. Il prend nécessairement une dimension politique, quel que soit le genre qu’il revêt. Qu’il suffise d’observer les actes de censures et le nombre de cinéastes privés de leur liberté d’expression pour prendre la mesure de la force que peut porter le Cinéma engagé.
Le Cinéma : Un grand écran, une voix, un engagement
L’objet du film engagé, ou militant, est d’interpeller le spectateur et de le faire réagir. Le sens de ce qui se déroule alors dans le cadre de la caméra comme dans le « hors-champ » prend alors une toute autre dimension. Les codes changent et le média du Cinéma revêt alors une toute autre signification. Tandis que des célébrités prennent la parole comme citoyens dans l’espace public, les cinéastes mettent à profit leur talent cinématographique pour porter à l’écran une forme de prise de conscience. Leur projecteur se braque alors sur des événements dont ils interrogent les causes et leurs conséquences.
D’une manière ou d’une autre, le cinéma engagé induit nécessairement une cause politique. Politique dans le sens où le film déborde de son cadre, s’expatrie dans l’espace public, se livre au public qui s’en empare pour dès lors traduire ses idées dans la société par des faits concrets (lois, décrets, etc.). Le but du cinéma engagé est bien d’induire un changement politique en exhibant l’injustice d’un fait, d’une loi, ou d’une réalité peu connue, ignorée ou controversée.
La culture de l’engagement au cinéma est protéiforme. Elle est parfois le fruit de l’implication totale de l’équipe (réalisateur, acteurs, techniciens), et s’exporte aussi dans l’espace de la diégèse par les discours des personnes filmées et par les choix narratifs adoptés par l’œuvre.
Quoiqu’il en soit, le film engagé est un outil militant que les minorités et les collectifs s’approprient pour faire entendre une voix contestataire. Il s’invite très souvent à de nombreux festivals, s’articulant autour de conférences, débats, ateliers, afin de mettre en mouvement un public autour d’une même cause.
Le cinéma engagé est donc l’exact inverse de ce que disait Leni Riefenstahl, la fameuse réalisatrice associée aux films de propagande du régime Nazi, qui ne faisait pas de différences entre les défilés nazis qu’elle filmait sous tous les angles, et une corbeille de fruits peinte dans une nature morte…
Ces Réalisateurs engagés
1. Charlie Chaplin (1889-1977) : Reconnu tant par son travail d’acteur que de réalisateur, Charlie Chaplin est incontestablement l’un des pionniers du cinéma engagé. Avec Les Temps Modernes (1936) il opère une vive critique du travail à la chaîne alors en pleine ferveur à cette époque. Ou alors avec Le Dictateur (1940), qui fustige littéralement le régime nazi ainsi qu’Hitler.
2. Ken Loach (1936), réalisateur britannique. Ken Loach s’inscrit profondément dans la tradition du cinéma dit de gauche, dont le regard se porte encore de nos jours sur les laissés-pour-compte de la société. Exploitation des travailleurs (Bread and Roses, 2000), préjugés raciaux (Just a Kiss, 2004), et la casse du service public conduisant aux disfonctionnements des services sociaux (I, Daniel Blake, palme d’or en 2016).
3. Michael Moore (1954), réalisateur américain. Connu pour ses documentaires croustillants et polémiques, Michael Moore ne pouvait pas manquer à notre listing. Engagé contre le système injuste proféré aux États-Unis et plus encore contre les armes à feu. Bowling For Columbine (2002) est l’un de ses plus gros succès.
4. Spike Lee (1957) : Connu pour son cinéma de grande qualité, Spike Lee, réalisateur américain, s’inscrit parmi les plus grands défenseurs de la cause afro américaine au USA. Malcolm X (1992), ou dernièrement BlacKkKlansman (2020), ses films sont tous des incontournables !
5. Agnès Varda (1928), née en Belgique, Agnès Varda est une réalisatrice s’inscrivant dans le courant de la Nouvelle Vague. Témoin de son temps, sa caméra s’immerge complètement dans la société de son époque. L’une chante, l’autre pas (1977) évoque notamment la lutte féministe, Sans Toit ni Lois (1985) film la condition des SDF. Elle reçoit en 2017 l’Oscar d’honneur pour récompenser l’entièreté de son œuvre.
6. Konstantìnos Gavràs (1933), Français. Connu pour ses films engagés comme Z (1969) ou Missing (1982). Récompensé à de nombreuses reprises, Costa-Gavras est par ailleurs engagé sur le plan politique.
Cette liste est bien sûr loin d’être exhaustive. Que vous soyez engagés ou non, scénariste en devenir ou réalisateur confirmé, Stardust MasterClass, la plateforme de formations en ligne dédiée au Cinéma, à l’Audiovisuel et à l’Écriture, se tient à vos côtés pour vous accompagner dans votre projet créatif, de la simple idée à la diffusion, que ce soit dans les salles obscurs, le petit écran ou les plateformes.