Inutile de vous présenter le géant américain, nul doute que vous le connaissez déjà. Dans le monde, Netflix c’est 183 millions d’abonnés et un chiffre d’affaires de 5,8 milliards de dollars au 1er trimestre 2020. Même si la concurrence est rude et qu’une réelle diversité existe sur le marché, en matière de SVoD (Service Video on Demand), Netflix s’impose largement. Mais au fond, qu’est-ce qui fait le succès de Netflix ? Et quelle part Netflix alloue-t-elle à la production cinématographique française ?
Netflix est née en 1997 à Scotts Valley de la main de ses créateurs Reed Hastings et Marc Randolph. Initialement, Netflix proposait un service en ligne de location de DVD livrés à domicile, accessible à la demande ou sur abonnement. C’est seulement en 2007 que Netflix développe la plateforme en ligne qu’on lui connait à ce jour. Aujourd’hui, plus de vingt ans plus tard, Netflix a déménagé son siège social à Los Gatos et est devenu le leader incontesté du marché mondial de SVoD. En 2018, Netflix était disponible sur la quasi-totalité du globe, excepté la Chine, la Syrie et quelques exceptions rares. En 2020, Netflix France c’est plus de 6,7 millions d’abonnés, 20 nouveaux contenus originaux français, 100 millions d’euros pour la création française et un chiffre d’affaires avoisinant les 739 millions d’euros annuel pour 2019.
Comment Netflix nous rend addicts
Si Netflix rencontre un succès fou, c’est que l’entreprise met en œuvre une stratégie défiant toute concurrence. Son arme secrète ? La Big Data, soit une utilisation massive des données pour mieux comprendre sa clientèle et lui proposer un service qui lui correspond. Netflix récolte donc une montagne de données afin d’imaginer les meilleurs scénarios possibles, les tendances, mais aussi les problématiques liées aux types de productions, de formats, et va même jusqu’à tirer de ses données des solutions marketing. Notamment, en France, on sait que 90 % des utilisateurs partagent leur compte. Grâce à ces statistiques, Netflix a pu adapter son produit grâce à son offre multicomptes pour une seule et même famille par exemple, moyennant un léger surcoût d’abonnement.
Pour décider du type de programme à produire, Netflix va donc puiser dans l’immense réserve de données dont elle dispose au travers de ses 183 millions d’abonnés. Il lui devient alors facile de cerner les habitudes de consommation et de facto, d’orienter la production de ses contenus. Netflix peut savoir quel abonné a regardé quelle série, avec quels acteurs, quel réalisateur, à quel moment de la journée, et va même jusqu’à savoir quand l’utilisateur a mis pause, ou accéléré, lui permettant de déterminer avec précision les phases d’attention ou d’ennui du spectateur. En 2016, Netflix avait sorti une étude sur l’addiction aux séries : « Netflix a ainsi constaté que le comportement des fans était assez universel. De l’Argentine au Japon, les membres deviennent accros en regardant le même genre d’épisodes et s’identifient aux mêmes intrigues », affirmait l’étude.
C’est ainsi que « House of Cards », voit le jour en 2013. L’analyse des données avait estimé un succès potentiel après indication d’une forte corrélation entre l’attrait des spectateurs pour l’acteur Kevin Spacey et le réalisateur David Fincher. Résultat de l’étude : Kevin Spacey + David Fincher = Succès = House of Cards. Résultats confirmés depuis lors.
Netflix France, un producteur concurrentiel
La France est bien connue comme étant un acteur majeur du cinéma mondial depuis de nombreuses décennies, comme avait su le démontrer par exemple la fameuse Nouvelle Vague française, accompagnée de ses Truffaut, Godard, Chabrol, Demy, Resnais, Varda et tant d’autres, qui ont fait le tour du monde ! Aujourd’hui, la production cinématographique française, c’est 300 films produits ou coproduits dans l’hexagone en 2017, dont 222 films d’initiative française, près d’1 milliard d’euros d’investissement, 49 films dont le budget était supérieur à 7 millions d’euros.
À l’heure actuelle, le groupe Netflix France investit plus de 100 millions d’euros pour la création française en 2020, une enveloppe conséquente à mettre en perspective néanmoins. Notamment, Netflix mettait près de 160 millions de dollars sur la table pour assurer la production du seul film « The Irishman », réalisé par le prestigieux Martin Scorsese. En comparaison, France Télévision investissait 421 millions d’euros en 2018 pour la création audiovisuelle, et 60 millions pour la production cinématographique. En 2019, le budget alloué à la création de contenus originaux Netflix était pour sa part de 15 milliards de dollars !
Netflix Producteur : une collaboration saine
Ce 29 mai 2020 était organisé le 9ème webinaire d’Écran Total, dont la particularité était de faire témoigner Damien Couvreur, directeur des séries originales françaises Netflix. A notamment été abordé la question de la collaboration entre la plateforme et les producteurs, talents, réalisateurs, dans la création française. Étaient présents les producteurs des Films du Kiosque, François Kraus et Denis Pineau-Valencienne pour témoigner justement de leurs retours d’expériences avec Netflix sur la réalisation des deux premières saisons de la série d’Igor Gotesman, Family Business. Loin d’une idée d’uniformisation des contenus que pourrait laisser entendre le fonctionnement de Netflix, au contraire, la diversité est de mise dans l’organisation de Netflix en France où l’équipe se compose d’un interlocuteur référent pour chaque typologie de contenu : série, long métrage, animation, documentaire.
Les retours des collaborateurs externes tels que François Kraus et Denis Pineau-Valencienne sont plutôt positifs, et évoquent une collaboration saine, voire privilégiée : « quand nous avons contacté Damien, nous ne disposions que de quelques éléments narratifs. Mais lui et son équipe ont très vite cerné l’ADN de la série. Quand ils nous ont donné leur accord et ont lancé l’écriture, nous savions que le projet aboutirait quoiqu’il arrive. Nous étions dans quelque chose de concret. À peine avions-nous entamé le développement que les dates de tournage et de diffusion étaient calées. Les contrats ont été signés moins de six semaines après les premières lectures. Et nous n’avions pas à nous embarrasser d’un quelconque souci de financement ».
Pour le moment, nous pouvons dire qu’il a l’air de faire bon-vivre chez le géant américain !
Pour aller plus loin, voici nos sources qui pourront vous permettre de mieux cerner encore l’univers de Netflix au regard de la production cinématographique française :
- 5 chiffres pour tout savoir de la production cinématographique française.
- 5 « autres » chiffres à retenir sur Netflix France.
- Netflix, fidèle et engagé auprès des producteurs français.
- La folie Netflix
- Comment Netflix fabrique ses séries à succès.
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