Dans un générique de séries télévisées, leur nom revient souvent, sans que le grand public y fasse vraiment attention. Pourtant, le métier de showrunner est de plus en plus indispensable dans le monde de la télévision. Décryptage d’un métier particulièrement valorisé aux États-Unis, et un peu occulté en France, même si cela tend à changer.
Il est décrit comme le poste le plus complexe de l’industrie télévisuelle. Le showrunner est le scénariste en chef qui chapeaute les autres scénaristes, souvent l’un des producteurs et le créateur d’une série télévisée. En d’autres termes, le grand cerveau d’une série télévisée épisodique et l’exécuteur du nombre ordonné de scénarios pour une saison donnée. Un poste multicasquette, qui entraîne forcément de nombreuses responsabilités. En premier lieu, la série présentée. Si la première saison est réussie, avec de bons scores d’audiences, il est probable qu’une deuxième saison soit produite.
Dans les faits, un showrunneur est la plupart du temps :
• Auteur
• Manager
• Superviseur
• Promoteur
• Directeur artistique
Un showrunner est responsable de l’idée d’une série jusqu’à sa création. Une fois la série validée, le showrunner doit s’assurer du bon fonctionnement d’un scénario pour chaque épisode, tout au long de sa réalisation. Fonctionnant en flux tendus (les épisodes étant parfois écrits en même temps que le tournage), le showrunner s’assure que le réalisateur (qu’il a parfois lui-même choisi avec l’aval des autres producteurs) respecte ses conditions. En charge également du casting, il peut nommer et virer des acteurs/actrices si un scandale arrive ou pour divergences d’opinions. Exemple avec Nicollette Sheridan, virée de Desperate Housewives en 2009, pour mésentente avec le créateur Marc Cherry.
Les showrunners, garants auprès des producteurs
Pour comprendre son rôle, un showrunner est comme le PDG d’une entreprise, dont le budget alloué est de 3 millions de dollars par épisode. Il est donc responsable de l’organisation de la série, de sa conception à sa réalisation, et veille à ce qu’elle offre un très bon rendu aux producteurs pour lesquels le showrunner doit rendre des comptes. Il est comme un entraîneur de foot, c’est grâce à lui si l’équipe gagne, et c’est sa faute si l’équipe perd. Même s’il possède une liberté créative assez importante, le showrunner doit respecter le ton général de la chaîne de télévision qui l’emploie. Exemple avec la chaine ABC. Visant un public familial, elle joue essentiellement sur la carte de l’émotion, de l’humour, ou de la comédie dramatique. Une stratégie éditoriale qui ne laisse pas de place aux scènes de violence.
Même s’il fait tout, le showrunner ne travaille pas seul. Il a une équipe de scénaristes à sa disposition et doit s’assurer que ces derniers respectent l’univers de la série, mais également sa vision. Sous son contrôle, les différents scénaristes proposeront de nouvelles idées pour améliorer la trame principale d’une saison. Si la réalisation et le casting sont des paramètres très importants pour le succès d’une série, l’histoire sera prépondérante pour garantir des audiences fidèles. Bien plus que de proposer des séries télé, le showrunner apporte sa propre vision de voir le monde. Avec autant de responsabilités et autant de pouvoir, on comprend dès lors aisément pourquoi les showrunners américains sont traités comme des stars à part entière avec à la clé des salaires mirobolants.
Classement 2018 des showrunners les plus riches
Classement 2018 des showrunners les plus riches
1. Chuck Lorre (800 Millions de dollars) : Mon oncle Charlie – The Big Bang Theory – Mike and Molly
2. Tyler Perry (600 M) : The Have and the Have Nots – If Loving You is Wrong
3. Dick Wolf (350M) : Law & Order – Chicago Med – Chicago Fire
4. Shonda Rhimes (120M) : Scandal – Grey’s anatomy – How to Get Away with Murder
5. Darren Star (120M) : Beverly Hills 90210 – Sex and the City
6. Tina Fey (65M) : Unbreakable Kimmy Schmidt – Great News
7. Ryan Murphy (20M) : American Horror Story
8. Brad Falchuck (20M) : American Horror Story – Feud – American Crime Story
9. Lee Daniels (20M) : Empire
10. David Benioff (18M) Game of Thrones
11. Marti Noxon (18M) : Girlfriends’ Guide to Divorce – Unreal – Sharp Objects
12. D.B. Weiss (12M) : Game of Thrones
13. Dan Fogelman (12M) : This is Us
14. Adam F. Goldberg (10M) : The Goldbergs
15. Jennie Snyder Urman (5M) : Jane the Virgin
16. Danny Strong (5M) : Empire
17. Michael Schur (5M) : Brooklyn Nine-Nine – The Good Place – Master of None
18. Matt Duffer (3,5 M) : Stranger Things
19. Mark Duplass (3M) : Room 104
20. Issa Rae (3M) : Insecure
Où sont les Français ?
Si l’on comprend aisément le statut de showrunner aux États-Unis, son rôle est un peu plus difficile à trouver en France. La configuration française laisse place à un pool de scénaristes qui se partagent les gains récoltés. Depuis quelques années néanmoins, s’inspirant des succès américains mais également britanniques, de plus en plus de showrunners français émergent :
• Anne Landois (Engrenages – Canal+)
• Frédéric Krivine (Un village français – France 3)
• Béatrice Fournera (Parents Mode d’emploi – France 2 ; WorkinGirls – Canal+)
• Olivier Szulzynger (Plus belle la vie – France 3)
• Éric Judor (Platane – Canal+)
• Olivier de Plas (QI – OCS)
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