Depuis le scandale de l’affaire Weinstein et les nombreuses divulgations dans l’industrie cinématographique ou audiovisuelle, sommes-nous face à une nouvelle vague de showrunners féminines ? Spoiler : Non.
Si l’on assiste depuis quelques années à de nombreux reboots, ou des suites de suites, c’est certainement parce que le monde de la télévision est représenté par le même profil : masculin- caucasien. Le magazine Variety a pointé du doigt le manque de diversité dans le monde audiovisuel et à Hollywood, où les réalisatrices représenteraient moins de 10 % de films en 2019. Même constat pour les scénaristes, où 80 % des showrunners sont des hommes. Est-ce un problème ? À vous de vous forger un avis, sachant que les showrunners non seulement déterminent la direction créative de leurs programmes, mais qu’ils supervisent également l’embauche, le licenciement et offrent à la prochaine génération de créateurs une chance de monter. En verrouillant le profil de showrunner à un profil masculin, les séries télévisées ont tendance à proposer les mêmes intrigues, styles de personnages, et semblent réservées au même public. Pourtant, les séries dirigées par des femmes ont su apporter des histoires bien différentes, avec un ton bien particulier. En 2019, sept séries dirigées par des femmes se sont achevées avec un certain succès :
• Orange is the New Black (Jenji Kohan)
• Jane the Virgin (Jennie Snyder Urman)
• Crazy Ex-girlfriend (Aline Brosh McKenna)
• Broad City (Ilana Glazer – Abbi Jacobson)
• Transparent (Jill Soloway)
• The affair (Hagai Levi – Sarah Treem)
• Unbreakable Kimmy Schmidt (Tina Fey – Robert Carlock)
Outre une vision différente de l’écriture, une femme showrunner a des conséquences assez positives. Une étude américaine a ainsi noté que les actrices sont plus susceptibles de recevoir des rôles plus influents si les femmes sont des créatrices. Une bouffée d’air dans une industrie où les profils féminins sont beaucoup plus stéréotypés que les profils masculins, et très souvent cantonnés à un rôle de faire-valoir. Depuis quelques années, il est clair qu’Hollywood prend des mesures pour créer des histoires plus inclusives et que celles-ci soient plus en phase avec le public.
« Il ne fait aucun doute que les femmes sont sous-représentées et sous-employées dans notre entreprise de toutes les manières, dans tous les genres, dans toutes les disciplines, au cinéma et à la télévision, mais les femmes qui le font le font fabuleusement », déclarait la scénariste Ilene Chaiken (Empire). « Je pense que nous sommes vraiment, vraiment bonnes dans ce domaine. »
Et en France ?
La question des showrunners françaises est encore à un stade embryonnaire, pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas beaucoup de showrunners de manière générale. Même si l’on peut tout de même citer Anne Langlois (Entourages) et Béatrice Fournera (Parents mode d’emploi dans les programmes courts), la structure scénaristique française laisse principalement place à un pool de scénaristes qui se partagent les gains. Un système complètement différent des États-Unis, mais où l’on retrouve là encore une large disparité entre les hommes et les femmes. Dans une étude menée par la guilde française des scénaristes datant de 2014, on estimait que seulement 27 % des scénaristes étaient des femmes. Signe de ce triste constat, la Guilde précisait que « depuis la création des Césars, 16 femmes ont reçu le César du meilleur scénario original ou adaptation et l’ont toujours reçu conjointement avec un homme ». La scénariste Coline Serreau faisant figure d’exception, pour le César du meilleur scénario en 1986 avec Trois hommes et un couffin.
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