Qui n’entend pas les sifflets de la musique légendaire du Bon, de la Brute et le Truand quand il pense à un Western ? Et pourtant, le film de Sergio Leone date de 1966. Aujourd’hui, rétrospective sur un genre quasiment indémodable, le Western !
Avant d’être un genre cinématographique, le thème du Far West est d’abord un genre littéraire (Le dernier des Mohicans publié en 1836), puis devient un sujet théâtral aux alentours des années 1880 (Wild West Show par le célèbre Buffalo Bill en 1890). La mise en scène du Far West, puis sa transition vers le Grand Écran se fait alors même que la conquête de l’Ouest n’est pas terminée. Le genre participe pleinement à la légende américaine et façonne à sa manière les grands récits constructeurs de la nation. Dans les années 1960, le Western connaît une petite révolution qui fera de ce genre un incontournable de la culture cinématographique.
Le Western, un genre à part entière
Les codes cinématographiques du Western sont très précis. Dans la préface du livre de Jean-Louis Rieupeyrout Le western ou le cinéma américain par excellence, André Bazin nous livre une définition pointilleuse du genre :
• Des chevauchées et des bagarres
• Des hommes forts dans un paysage sauvage
• La pure jeune fille, si possible vierge, sage et forte qui finira par épouser le héros
• Une canaille
• Une menace incarnée par la guerre de Sécession, les Indiens ou des voleurs de bétail
• Un saloon
• Des paysages époustouflants, des plans extra-larges et une ville en bois
• L’homme blanc et son cheval, conquérant du nouveau monde
• Une justice extrême et expéditive
À cela nous voudrions ajouter une musique, avec un siffleur et une guimbarde ! Peut-être devrions nous ajouter aussi une cigarette roulée, une fiole de whisky et un revolver.
On peut distinguer deux grandes périodes du Western. La première qui s’étend jusqu’aux années 1950 tend à légitimer la conquête de l’Ouest face à des Indiens violents. Et la deuxième, à contre-pied de la première, qui condamne l’extermination indienne. Le western devient finalement un phare projeté sur la violence constitutive des États-Unis et propose une réflexion toujours plus forte sur cette question, notamment à la veille des guerres de Corée et du Vietnam. On observe une large prise de recul du genre en lui-même avec l’apparition de films comme Danse avec les loups, qui place le protagoniste dans « l’autre camp ».
Le Western n’aura de cesse de se réinventer :
• Le Western classique (1903-1952) avec des films comme Le cheval de fer ou La chevauchée fantastique de John Ford
• Le Western moderne (1953-1964), surnommé le surwestern par A. Bazin, avec par exemple Le train sifflera trois fois de Fred Zinnemann, L’homme qui tua Liberty Valance et Les Cheyennes de John Ford
• Le Western italien (1964-1971), le fameux Western Spaghetti, analysé comme une remise en cause du genre en lui-même. Sergio Leone sera le principal acteur de cette contre-révolution du western avec ses célèbres films Pour une poignée de dollars (1964), Et pour quelques dollars de plus (1965) et Le Bon, La Brute et Le Truand (1966). On peut décliner cette catégorie avec le western Zapata, plus politique, et le western fayot qui s’inscrit dans la parodie et la comédie.
• Le Western contemporain (1971 à aujourd’hui), avec ses célèbres acteurs comme Clint Eastwood, Kévin Costner et ses films remarquables comme Django de Quentin Tarantino, True Grit (Joe Coen).
Le western et ses musiques extraordinaires (Ennio Morricone), la variété de ses techniques de cadrages (plan américain, close-up, plan large…) et son rôle fondateur du récit américain, est un genre à part entière qui continue de nous fasciner. Il semble qu’à chaque époque du cinéma, s’occasionne un renouveau du western. Alors quel sera le western de demain ? Qui sait, mais nous avons hâte de le découvrir.
Les Westerns à voir et à revoir !
• Le Bon, la Brute et le Truand (1966), de Sergio Leone
• Il était une fois dans l’Ouest (1968), Sergio Leone
• Django Unchained (2012), Quentin Tarantino
• Impitoyable (1992), Clint Eastwood
• Rio Bravo (1959), de Howard Hawks
• L’Homme qui tua Liberty Valance (1962), de John Ford
• Danse avec les loups (1990) de Kevin Costner
• Mon nom est Personne (1973), de Tonino Valerii
• Les 8 Salopards (2015), de Quentin Tarantino
• True Grit (2010), des frère Coen
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