À cette période de l’année, c’est toujours le même rituel. Certains pleurent parce qu’ils pensent que c’est trop tôt, d’autres sont impatients d’y aller. Les meilleurs élèves sont d’emblée placés devant, comme une hiérarchie aussi injuste qu’acceptée de tous. Quant aux parents, ils diffusent sur les réseaux sociaux des images de leur progéniture accompagnées de proses dithyrambiques sur le temps qui passe et leur futur, en espérant qu’ils obtiennent de bonnes notes… et se vendent bien. Des ventes, parce que c’est bien de livres que l’on parle. La rentrée littéraire est une période commerciale organisée chaque année par les libraires et éditeurs. Une période bien connue de tous, mais qui a son propre fonctionnement, et surtout une vision très stratégique en vue des échéances de fin d’année.
Pourquoi une rentrée littéraire ?
Les Français sont de bons consommateurs de livres. Selon les chiffres publiés par le SNE (Syndicat national de l’édition), les ventes de livres en 2018 seraient de 2 670 milliards d’euros. Le nombre d’exemplaires vendus est, quant à lui, passé de 430 millions en 2017 à 419 millions en 2018. Une baisse de 2,52 % par rapport à l’année précédente, mais qui reste tout de même considérable en Europe. L’année dernière, 92 % des Français auraient lu au moins un livre. La rentrée littéraire est là pour stimuler et booster les ventes de livres. La période la plus propice pour les ventes ? Pas vraiment. L’objectif de cette rentrée littéraire est surtout d’obtenir de bonnes critiques avant les fêtes de fin d’année, qui est la véritable période la plus profitable aux ventes de livres. Logiquement, les éditeurs préparent activement cette période, de manière à ce que, d’un point de vue marketing, les livres les plus « bankables » soient bien en vue jusqu’aux fêtes de Noël, et que leurs auteurs soient régulièrement cités ou invités dans la presse. Surtout, les éditeurs espèrent profiter de cette rentrée pour bien faire figurer les potentiels livres primés, en vue des nombreux prix littéraires, parmi lesquels :
• Prix du roman FNAC
• Prix Académie française
• Prix Femina
• Prix Femina étranger
• Prix Femina essai
• Prix Médicis
• Prix Médicis essai
• Prix Médicis étranger
• Prix Goncourt
• Prix Renaudot
• Prix Renaudot essai
• Prix Interallié
• Prix Goncourt des lycéens
Remporter un prix, ou ne serait-ce qu’être nominé, apporte un coup de pouce considérable au niveau des ventes. Selon une récente étude de l’institut de marketing GfK, un livre récompensé du Prix Goncourt s’écoule en moyenne à près de 400 000 exemplaires. Un livre primé au Renaudot se vend en moyenne à plus de 220 000 exemplaires, un Femina à plus de 80 000 exemplaires, et le Médicis permettrait aux lauréats d’atteindre en moyenne les 40 000 exemplaires. On comprend donc l’engouement des éditeurs pour cette période commerciale, où il existe une forte exposition médiatique.
De quand date la première rentrée littéraire ?
Il est assez difficile de définir quand a été instaurée la première rentrée littéraire. On peut néanmoins supposer que l’expression est apparue dans les années 1930 en France dans le journal Figaro. À l’époque, plusieurs événements culturels connaissent une pause en été pour réapparaître début septembre. C’est le cas des opéras, du théâtre, et donc du monde de l’édition. À l’instar de la galette des rois, des crêpes ou encore du bœuf bourguignon, la rentrée littéraire est une spécialité française.
La rentrée 2019 en quelques chiffres
• 336 : C’est le nombre de romans français présentés cette année.
• 82 : C’est le nombre de premiers romans.
• 160 000 : C’est le nombre d’exemplaires pour le livre Soif d’Amélie Nothomb.
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